Le nouvel artiste associé du Nouveau Théâtre de Montreuil Frédéric Sonntag présente depuis le 20 mars 2018 le spectacle « B. Traven » et ce, jusqu’au 14 avril prochain à la salle Maria Casarès (ne vous trompez pas, c’est bien celle qui se trouve dans la rue Victor Hugo, je dis ça parce que j’étais persuadé que la pièce se jouait dans la grande salle Jean-Pierre Vernant – celle qui se trouve sur la place Jean Jaurès – et j’ai failli arriver en retard, enfin bref…).

Le mystérieux B. Traven (bien plus que Keyzer Soze) était un personnage singulier puisque toute sa vie, il n’a cessé de brouiller les pistes quant à sa véritable identité, empruntant divers noms et chemins de traverse, de l’Allemagne au Mexique. Quand on y réfléchit, il serait quasi impossible aujourd’hui de vivre dans l’anonymat le plus total et de ne laisser aucune trace, mais c’est un autre débat. Et on comprend mieux pourquoi Frédéric Sonntag s’est emparé de son histoire, plutôt devrais-je dire de ses histoires qui lui ont permis d’écrire son histoire à lui (je ne sais pas si je suis clair), de créer sa propre légende de B. Traven et de faire intervenir pêle-mêle Léon Trotski, Dalton Trumbo, Speedy Gonzales, des squatteurs, un poète boxeur amateur, un perroquet empaillé, du mescal, un catcheur mexicain…

La pièce de Frédéric Sonntag est à l’image de la vie de B. Traven. Parce que l’auteur du Trésor de la Sierra Madre était surtout un autre, la pièce n’est pas une simple biographie de l’auteur (même fantasmée) mais une saga qui nous emmène à travers le monde, du Chiapas à Paris en passant par Mexico et Hollywood, entre 1914 et 2014. Tout est lié, même si on ne comprend pas immédiatement les tenants et les aboutissants, ce qui n’est pas si grave grâce à l’enthousiasme et au talent des huit comédiens jouant tous de multiples personnages et accompagnés de deux musiciens qui nous emmènent à travers la scénographie signée Marc Lainé, alliant théâtre, images animées (extraits d’archives, fausses interviews…) et musique. On pourrait reprocher à la pièce sa densité, sa longueur (près de 2h30). Elle peut aussi nous perdre quand le propos se veut trop politique, mais elle est à l’image de B. Traven : kaleidoscopique, drôle et captivante. Elle nous donne surtout l’envie de partir à notre tour enquêter sur les traces de B. Traven. Peut-être pas dans le Chiapas, mais au moins dans les allées d’une bibliothèque.

(Écrivez le nom de B. Traven sept fois dans une chronique, peut-être vous apparaîtra-t-il en rêve ?)


B. Traven au Nouveau Théâtre de Montreuil – CDN – salle Maria Casarès jusqu’au 14 avril 2018

Écriture et mise en scène : Frédéric Sonntag (Cie AsaNIsiMAsa)

avec Simon Bellouard, Julien Breda, Romain Darrieu, Amandine Dewasmes, Florent Guyot, Sabine Moindrot, Malou Rivoallan, Fleur Sulmont, Paul Levis, Gonzague Octaville

www.nouveau-theatre-montreuil.com/fr/programme/b.traven