Vous voulez parfaire vos connaissances sur le blues, vous êtes totalement néophytes, amateurs éclairés, incollables de tout poil, juste curieux, alors rendez-vous Samedi 14 Janvier pour le démarrage d’un cycle de conférences passionnantes sur comment la musique qui a accompagné des esclaves africains arrachés à leur terre, a évolué et est passée des galères, des champs de cotons, des prisons, des juke joint, des rues et bordels de Bâton Rouge, aux scènes les plus prestigieuses du monde entier …

Après le succès de Rock story en 6 épisodes en 2016, Black music story est une odyssée en 6 épisodes dans l’histoire des musiques populaires afro-américaines, animée par  Bernard Poupon, conférencier, formateur et directeur-adjoint des Bibliothèques de Montreuil.

Dire que j’admire le bonhomme est un euphémisme ! Tout d’abord, j’envie son érudition, qu’il n’a de cesse d ’alimenter car curieux de tout, j’aime la manière brillante qu’il a de mettre en perspective le passé pour le faire résonner avec le présent et  imaginer le futur d’une musique en constante recherche de matières sonores nouvelles. J’aime le regard qu’il porte sur la musique, ceux qui la pratiquent et ceux qui s’en nourrissent, se voyant plus comme un « guide de randonnées musicales«  que comme un grand ponte délivrant ses prescriptions. Il fait partie des personnes avec lesquelles  je suis heureuse et fière de faire un bout de chemin.

Rencontre.

Portrait B. Poupon

Portrait B. Poupon

–  Premier gros choc musical ?

 Le rock m’est tombé dessus quand j’avais 16 ans et a déterminé mon rapport au monde.

J’avais parfois été au contact avec lui auparavant, mais j’étais encore trop môme et ce monde me faisait peur. Je me souviens très bien qu’un type m’a terrorisé la première fois que je l’ai entendu chanter  à la radio : bien plus tard, je l’identifierai comme étant Wilson Pickett… je donnerais cher aujourd’hui pour retrouver cette sensation si puissante et brute.

– Qu’est ce qui t’a donné envie de prêcher la bonne parole musicale à travers les conf ? 

Avant que le contact électrique ne s’établisse entre le rock et moi, avant mes 16 ans donc, je ressentais confusément que la vie devait être autre chose de plus intense que la grisaille que je vivais, mais je ne voyais pas quoi.  Avec le rock, le monde est passé en couleur.
A cette époque, il fallait vraiment chercher pour pouvoir en connaître un peu plus sur ce Jimi Hendrix, et sur ce qu’il racontait dans ses chansons. J’ai pris l’habitude de creuser, et depuis ça ne m’a plus quitté. Mais qu’est-ce que pouvait bien signifier ce « Won’t get fooled again » que braillaient les Who ? J’ai ainsi appris l’anglais sur les pochettes de disques, découvert Fluxus grâce à Yoko Ono (comme Lennon au demeurant…), abordé le surréalisme en passant par le psychédélisme… et puis Ronnie Spector était si sexy !
Le rock m’a peut-être ruiné les oreilles, mais il m’a ouvert l’esprit.

Tout ce qui m’intéresse vraiment, je l’ai appris tout seul :  j’ai retrouvé cette Do It Yourself attitude dans le punk : Joe Strummer reste définitivement mon pote.

– Comment vois-tu ta mission au sein de la médiathèque de Montreuil, dans un contexte où la musique n’a jamais été aussi à la portée de tous ?

Auparavant, le rôle principal d’une bibliothèque était de faciliter le contact entre des biens culturels plutôt chers (livres, Cds, …) et des usagers n’ayant pas les moyens de se les offrir. Avec le changement des pratiques liées à internet, cette mission a évidemment évoluée, surtout en ce qui concerne la musique : en effet, presque tout est aujourd’hui disponible, gratuitement, sans bouger de chez soi. Nous sommes passés de la rareté à l’abondance.
Mais a-t-on vraiment réellement ACCES à tout ? Encore faut-il savoir chercher pour trouver ce qu’on ne connait pas, afin de s’échapper de sentiers qu’on a déjà parcourus cent fois… ce qui n’est pas donné à tout le monde. Cette jungle d’informations peut paradoxalement s’avérer être une illusion démocratique, qui favorise ceux qui savent se débrouiller et qui pénalise les autres : un renforcement des inégalités culturelles, donc… tout le contraire de ce qui anime les bibliothèques.

Pourtant, je ne me considère pas comme un prescripteur, qui délivrerait des ordonnances musicales ; mais plutôt comme un guide de randonnée, qui montre des pistes à des amateurs potentiels qui ne les ont pas encore explorées.

A eux de s’y risquer ensuite s’ils le souhaitent. Même si elle a à voir avec l‘émotion toute personnelle que nous ressentons en l’écoutant , la musique n’est pas un continent isolé. Et détenir quelques clefs permet de s’approprier davantage une œuvre… et donc de la vivre plus fort et de vibrer avec encore davantage d’émotion. Ainsi, je fais le pari qu’on appréciera davantage les grandes œuvres harmoniques de la Contre-Réforme si on les met en lien avec ce souci de l’époque de célébrer l’Harmonie divine et avec ses résonances avec l’architecture.

On ne peut pas davantage saisir le cœur du funk si on ne comprend pas que les Afro-Américains prennent, à la même époque, la liberté de ne plus rentrer dans des cases esthétiques façonnées par les Blancs et qu’ils les refusent désormais… les exemples sont innombrables.

La musique, c’est aussi (surtout ?) du lien entre les gens. Et finalement,

il n’y a pas beaucoup d’endroits où les gens se rencontrent pour discuter musique, en aficionados ou en néophytes, mais toujours dans ce rapport si intime, si sensitif, avec un art génétiquement collectif.

C’est essentiellement cela qui nous anime, au secteur Musique des Bibliothèques de Montreuil… et c’est bien plus intéressant que de seulement prêter des disques !

Inscrivez dès maintenant les rendez-vous à l’ENCRE NOIRE sur votre agenda 2017 tout neuf !

#1 : La route du blues
Samedi 14 janvier 2017, 11h

#2 : Rhythm’n’blues et gospel, corps et âme
Samedi 11 février 2017, 11h

#3 : La soul ou les années d’espérance
Samedi 11 mars 2017, 11h

#4 : Funk, black and proud !
Samedi 8 avril 2017, 11h

#5 : Le rap , des ghettos aux podiums
Samedi 13 mai 2017, 11h

#6 : R&B vs new soul
Samedi 10 juin 2017, 11h

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