Ils vont clôturer le Festival Court au Théâtre ce soir : le Collectif Attention Fragile, présente une création originale : Cabaret ta Mère ! Vous avez peut-être déjà vu ces fidèles du festival au Théâtre Berthelot : ils avaient joué une pièce d’Israël Horovitz pour l’ouverture du festival il y a trois ans, puis la pièce Ses femmes l’année d’après.

Cabaret ta Mère Collectif Attention Fragile

Comment est né le projet Cabaret ta Mère ! ?

Tout a commencé il y a un an et demi. L’idée est partie d’une conversation où on s’est rendu compte qu’on avait envie d’évoquer la question du sexisme et du féminisme différemment. On a réfléchi à une façon d’en parler au plus grand nombre de manière ludique, sans le côté agressif qui y est parfois associé. Pour ça, on a choisi de reprendre les codes du cabaret et du Grand Guignol…

Comment avez-vous abordé l’écriture de cette pièce ?

Au début on était quatre filles pour la phase d’écriture. Chacune sur un axe particulier : l’injonction à la beauté (sois belle !), le sacré et la maternité (le mythe de la maman vs la putain), la fragilité (l’idée selon laquelle une femme ne peut pas se battre, doit être protégée), et enfin la légitimité (pourquoi ça choque quand une femme est chef par exemple).

Après s’être beaucoup documenté, on a organisé plusieurs séances d’écritures sur ces thèmes. On s’est d’abord demandé ce qu’on en pensait personnellement, puis on a fait un micro-trottoir. La première question qu’on a voulu poser aux gens dans la rue c’était : « Quels sont vos trois jurons préférés ? ». On s’est aperçu que souvent les insultes sont dirigées contre les femmes : « putain, bordel, fils de pute ». On s’est amusé aussi à poser aux gens deux questions miroir : « Qu’est-ce qu’une femme ne peut pas faire ? » et « Qu’est-ce qu’un homme ne peut pas faire ?». C’était intéressant d’entendre les gens dire des choses comme « une femme ne peut pas se battre » par exemple, puis se dédire en se rendant compte que finalement elles le pouvaient ! La société est traversée de mythes très ancrés, les gens répètent des idées… qu’ils ne pensent plus après réflexion. On a voulu interroger les phantasmes en posant cette question : « Si vous changiez de sexe pendant 24h, que feriez-vous ? ».

À la suite de ce micro-trottoir, on a compris que les questions de sexisme touchaient aussi les hommes. On a donc décidé d’intégrer quatre hommes dans le cabaret (trois comédiens et un scénographe).

Comment se déroule la pièce ?

Par cette pièce on veut dénoncer le sexisme ordinaire, celui qui est très ancré dans les esprits. On se rend compte que certains n’ont pas conscience d’avoir ces idées sexistes. Mais on ne veut surtout pas être donneurs de leçon, il s’agit de faire prendre conscience par le rire. Alors on chante, on danse, c’est décalé et réjouissant. On veut que ce soit comme dans Matrix, que les gens prennent la petite pilule rouge et qu’ensuite ils soient changés… que le sexisme du quotidien leur saute aux yeux.

Le spectacle commence par un état des lieux : un petit historique du féminisme, du droit des femmes. Puis chacun joue son propre personnage et se confesse, évoque ce qui le choque le plus dans le sexisme. Enfin, tous les phantasmes deviennent possibles, c’est la partie la plus décalée. Le spectacle est construit autour de numéros de cabaret, avec marionnettes burlesques, chant, danse, magie, clown, numéros de transformisme… À travers ces témoignages personnels, on espère avoir une visée universelle.

Comment avez-vous organisé le travail de chacun ?

Nous sommes neuf personnes du collectif dans le projet. On avait énormément d’idées, le plus difficile a été de trouver notre fil rouge. On a mis un point d’honneur à tout faire nous même, de l’écriture aux costumes ou décors, chacun a mis la main à la pâte dans un esprit de troupe.

Samedi ce sera notre Première pour la clôture du festival. On a hâte de se confronter au public et de voir ce qui le touche. On aimerait porter le projet plus loin : on a vu que dès qu’on évoquait la question du sexisme, les gens avaient beaucoup de choses à raconter. On espère que les gens viendront nous voir après le spectacle pour témoigner de leur vécu, ce serait une matière à intégrer au cabaret, qui a encore vocation à évoluer.

 

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Cabaret ta Mère ! Samedi 14 mai 2016 à 21h au Théâtre Berthelot, 6 rue Marcellin Berthelot à Montreuil, Métro Croix de Chavaux (ligne 9)

Une création du Collectif Attention Fragile.

Avec : Florian Bayoux, Nathalie Bernas, Mathilde Bourbin, Sophie Jarmouni, David Maison, Alice Mesnil, Raphaël Saïer

Scénographie : Pierre Miare

Musiques : Pierre-Edouard Bellanca

Durée : 45 min

Le Blog de Nestor est partenaire du Festival Court au Théâtre.