La fourmi de La Fontaine, quoique sévère, avait bon cœur

Aussi, à la cigale affamée, fournit-elle logis et couverts contre quelque labeur.

 

Les mois avaient passé, la cigale ayant trimé toute l’année

Attendait avec impatience que la Fête nationale fut passée.

Après le bal des pompiers, la voilà qui plie bagage

Et avec détermination vers le sud part en voyage.

Elle quitte son quartier par un beau matin,

Sans omettre de saluer le chat roux son copain.

« N’oubliez pas de revenir à la fin de l’été »

Lui dit la fourmi qui de sa compagnie ne pouvait plus se passer.

 

La cigale quitta donc la ville sans regret,

Certaine que ses congénères dans d’autres contrées l’attendaient.

De ses journées estivales, elle profita du moindre instant,

Chantant son bonheur du lever au couchant.

Les meilleures choses ayant hélas une fin,

La bise à la fin des beaux jours revint.

Et c’est non sans avoir le cœur lourd,

Que la cigale prit le chemin du retour.

 

A peine débarquée, l’insecte mélomane déchanta

De la ville, elle avait oublié les clameurs râleuses et le brouhaha.

Elle qui avait vécu nuit et jour sans presque rien sur la peau,

La voilà qui se retrouve par la pluie trempée jusqu’aux  os.

Traînant sa valise et ses idées noires

La cigale, d’ordinaire joyeuse, était au désespoir.

Devant tant de tristesse, le soleil fût touché

A la sortie du métro, de ses rayons, il vint la réchauffer.

 

Requinquée par cette délicate attention

La cigale reprit vaillamment le chemin de sa maison.

Le hasard fit qu’elle croisât la fourmi sa voisine,

Celle-ci, l’air las et fatigué avait bien mauvaise mine.

« Cher amie, dit la cigale, de vous voir ainsi me voilà bien embêtée

Je n’oublie pas que sans vous, mon sort en serait jeté.

Vous trimez du soir au matin de jour en jour,

De vous aider, c’est maintenant mon tour. »

 

C’est ainsi que la fourmi, peut-être trop épuisée pour protester,

Accepta l’offre de la cigale et partit se reposer.

Celles que l’on aurait cru s’opposer en tout point

L’une travailleuse, l’autre moins s’accordaient finalement plutôt bien.