Du mardi 15 au samedi 19 mai 2018 aura lieu le Festival Court au Théâtre Berthelot, qui mettra notamment en lumière les auteurs Neil LaBute et Daniel Keene.

Toutes les infos sur le festival sont présentes sur un précédent billet : ici

Le Blog de Nestor a rencontré entre deux répétitions deux compagnie, la Compagnie des Aléas et le Collectif Attention Fragile qui vont présenter les vendredi 18 et samedi 19 mai deux spectacles : Made in America Season 2 : d’après des pièces courtes de Neil LaBute et I say I & Others : d’après des pièces courtes de Daniel Keene.

LA COMPAGNIE DES ALÉAS

Aurélien GouasCréée il y a dix ans, La Compagnie des Aléas est une partenaire historique du Festival Court au Théâtre, puisqu’elle participait déjà à la toute première édition avec des pièces courtes d’Israël Horovitz. Cette année, la Compagnie des Aléas revient pour la deuxième année consécutive avec des nouvelles pièces courtes du dramaturge américain Neil LaBute, qu’il a transmises personnellement à la Compagnie. Voici quelques fragments de notre entrevue avec Léa Marie St Germain (qui a co-mis en scène Made in America, season 2 avec Adrienne Ollé) et Aurélien Gouas (qui a traduit, adapté les deux pièces de Neil LaBute et joue également dans celles-ci) :

Aurélien Gouas : Le fil rouge de « Made in America », c’est le traitement de la société américaine, plus largement occidentale, du rêve américain et de ses dérives. Si on pousse tout à l’extrême, ça peut vite devenir un cauchemar américain.

Marie Saint-GermainLéa Marie St Germain : Quand on a lu pour la première fois les pièces de Neil LaBute, celles qui ont le plus retenu notre attention sont celles qui parlaient des problèmes sociaux, environnementaux, qui abordaient des thèmes assez politiques et assez engagés sur l’Amérique d’aujourd’hui et toutes les dérives qu’on peut voir aussi en Europe, sur les questions de racisme, d’homophobie, de la société de consommation.

A. G. : L’humour est très noir, très grinçant chez Neil LaBute, qu’on pourrait comparer à la série Black Mirror (visible sur Netflix), sauf qu’ici ça serait plus social que technologique. C’est assez dystopique, on peut se dire : « Ça pourrait arriver ! Attention, ça peut partir vite et chez n’importe qui. »

L. M. St G. : Hormis les thèmes et cet humour, l’idée, c’est que les transitions entre les pièces soient musicales, un peu spectaculaires pour donner un peu de légèreté. Le lien, c’est aussi la troupe qui passe d’un rôle à un autre.

A. G. : Le public aime bien cette connexion entre une pièce et une autre.

L. M. St G. : Oui, le public apprécie ces pièces à sketchs, entre guillemets, car ça reste du théâtre contemporain avec une vraie écriture. C’est vrai que c’est de plus en plus difficile pour un public de rester assis devant un spectacle pendant deux heures. Mais comme disait Israël Horovitz, que ça soit court ou long, c’est pareil, il faut des ressorts dramaturgiques, des personnages, un enjeu, une histoire. Pour nous, c’est le même travail.

A. G. : Ce sont des histoires différentes, des enjeux différents, des personnages différents. J’aime bien passer de l’un à l’autre, mais on reste dans le rythme, tout en étant dans le fond, mais ça reste divertissant. Pour le spectateur et pour nous, c’est un bon compromis.

Made in America Season 2 de Neil LaBute, les vendredi 18 et samedi 19 mai 2018 à 19h au Théâtre Berthelot

Pour information, les pièces courtes de Neil LaBute jouées l’an passé et celles de cette année dans le cadre du Festival Court seront reprises en formule intégrale cet été au Festival Off d’Avignon au Théâtre du Train Bleu.

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LE COLLECTIF ATTENTION FRAGILE

Le monde du théâtre est petit puisque le Collectif Attention Fragile compte dans ses rangs des membres de la Compagnie des Aléas. Il s’agit d’un collectif touche-à-tout puisqu’il sévit aussi bien dans le théâtre que dans l’audiovisuel, avec notamment la production de courts-métrages et d’une websérie. Nous avons rencontré Nathalie Bernas et Mathilde Bourbin, les deux metteuses en scène de « I say I & Others : pièces courtes de Daniel Keene.

Nathalie Bernas-Mathilde BourbinNathalie Bernas : On nous a proposé une quarantaine de pièces courtes et on en a choisi trois (« I say I », « Un café, une table » et « Chère Juliette ») . Le choix a été difficile car l’univers de Daniel Keene est assez sombre, mais on a essayé de créer notre propre univers à partir de ces trois textes-là, qui n’ont pourtant pas de lien évident…

Mathilde Bourbin : On a voulu créer une vraie dramaturgie pour ce spectacle. On ne tenait pas à ce que ça soit une succession de pièces courtes. On voulait qu’il y ait aussi un vrai fil rouge entre les personnages.

N. B. : On connaissait Daniel Keene de nom..

M. B. : On s’est énormément documenté, lu toutes ses pièces courtes, ses pièces longues aussi. L’idée était de trouver des personnages autant féminins que masculins.

N. B. : Chez Daniel Keene, ça se passe énormément dans des univers masculins, dans des bars, dans la rue, des courses de chiens. Ça parle de la détresse humaine, c’est assez sombre. Herman Delikayan (un des maîtres d’œuvre du festival) nous a proposé de travailler autour de Daniel Keene, justement pour féminiser cette écriture et la rendre un peu plus festive et joyeuse. C’est un sacré défi.

M. B. : Daniel Keene et sa traductrice Séverine Magois des Editions Théâtrales suivent le projet.

N. B. : C’était la première fois qu’on nous commandait une mise en scène. C’était surprenant, très agréable. On avait ces pièces courtes, c’est un format un peu particulier, qui permet au spectateur de rentrer dans la pièce mais aussi d’en sortir assez rapidement et ce qui était plaisant, c’était de trouver comment faire pour les relier entre elles. C’est le cheminement, de mettre en place toute cette narration, qui est extrêmement intéressant. Ça nous permet de tester plein de choses au niveau de la mise en scène et de la scénographie.

M. B. : C’était intéressant parce qu’on a utilisé une narration différente de celle qu’on utilise habituellement dans les écritures collectives, ça nous a obligé à chercher d’autres moyens, d’autres formes d’expressions. L’écueil de la forme courte est parfois de passer par une certaine efficacité, mais il se trouve que dans les pièces qu’on a choisies, ce n’est pas le cas, notamment pour « Un café une table » : c’est hyper bien écrit, très profond, il y a un fond, un passif, un vécu très fort sur les personnages.

Il ne faudra pas manquer « I say I & Others : pièces courtes de Daniel Keene » du Collectif Attention Fragile puisqu’il il s’agira pour l’instant des deux seules dates de représentation : vendredi 18 et samedi 19 mai 2018 à 21h au Théâtre Berthelot

Pour plus d’infos : collectifattentionfragile.com

Remerciements à Herman Delikayan du Théâtre Berthelot pour son accueil et son aide dans l’organisation de ces entrevues et évidemment tous nos remerciements à  Léa Marie St Germain et Aurélien Gouas de la Compagnie des Aléas et à Nathalie Bernas et Mathilde Bourbin du Collectif Attention Fragile, d’avoir bien voulu répondre avec patience et bienveillance à nos questions et se prêter à notre séance photo.

Festival court au théâtre

Des interviews menées par Axel Decanis et des photos prises par Kika…