Être pigiste au blog de Nestor c’est avant tout essayer de flairer le sujet intéressant qui pourrait t’intéresser. Internet permet désormais d’avoir trop d’informations d’un seul coup. C’est pratique car ça te permet de passer tes soirées à essayer de faire le tri. Le concert du groupe montreuillois « Jim Murple Memorial » qui fête ses 20 ans au café « La Pêche » à Montreuil était pour moi l’occasion de faire découvrir (s’il y en avait encore besoin) leur musique. J’ai pris contact avec Romain, batteur du groupe et seul musicien présent depuis le début du groupe, et c’est autour d’un café (« et un verre d’eau s’il vous plait ») que nous avons reconstitué l’histoire de « Jim Murple » et par la même occasion une petite partie de l’histoire de Montreuil.
Dimanche 3 avril à 14h
« Romain Murple »
Romain était arrivé avant moi au bar où devait avoir lieu notre rencontre. Il m’avait demandé de lui envoyer un texto le matin pour confirmer le rendez-vous, ce que je n’avais pas oublié de faire. « Jim Murple » a joué la veille en région parisienne et Romain a fêté son anniversaire. J’ai entendu quelqu’un dire une fois « qu’un bon musicien est un musicien à l’heure ». Notre batteur a la tchatche facile se montre très motivé pour parler de son groupe et de son histoire. On s’est assis dans un coin tranquille alors que dehors des gens s’activent pour nettoyer la place du marché. Romain me parle tout de suite de son amour pour la musique jamaïcaine. Une musique « puissante mais qui te casse pas la tête. Pour moi c’est le début de la modernité dans le son et la musique. Une musique très riche, métissée avec des mélodies acoustiques. T’écoutes ça, ça te met bien ».
Quand je lui demande quel est son métier il me répond qu’il est « musicien, auteur, compositeur et interprète ». Nous parlons de la fonction de la Culture dans la société et des musiciens en particulier. « Chaque musique populaire correspond à un langage. La musique, ça sert à communiquer ». C’est un « langage universel basé sur le partage de choses positives. La musique est là pour ramener une ambiance. Les musiciens sont là pour créer un espace-temps où le cœur se libère et on oublie ses soucis, l’espace d’un instant ». Après cette introduction remplie de « good vibes », nous avons essayé de faire un bond de 20 ans en arrière. J’ai simplement choisi de retranscrire les éléments clés enregistrés dans mon dictaphone.
« Le peuple qui a créé Paris a été obligé de quitter la ville. A Montreuil s’est recréé le carburant, le lien social qui a permis de recréer le Paris d’il y a 100 ans. Montreuil, c’est un petit peu le nouveau Paris. Une ville généreuse, de partage, une ville riche de cultures et d’énergies. Les artistes ont eu besoin d’espace. Il y eu un magnétisme vers cette ville. Des associations se sont installées et ont loué des locaux aux artistes dans des usines du XIXème siècle laissées à l’abandon ».
La formation actuelle
« Le groupe est né par la rencontre de musiciens à Montreuil mais pas uniquement. Il s’est créé autour du premier batteur. C’était une fusion entre différentes énergies et des personnalités bien affutées. Les influences étaient diverses : le ska, le jazz, le rock’n roll. C’était une synthèse d’un petit peu tout. On a mis du temps à être identifié comme un groupe actuel car ça sonnait tellement comme à l’époque que les gens pensaient qu’ils écoutaient une compilation des années 50 ».
« A cette période a été créé un studio de répétition qui est devenu le ciment de pas mal de groupes qui existent encore. Ça s’appelait « les Condensateurs d’Idées » et c’était Rue de St Mandé à Montreuil. C’était un lieu rassemblant des énergies. C’était dans une rue incroyable, malheureusement anéantie par les promoteurs immobiliers. Cet endroit était chargé d’Histoire. Il y avait des maisons du XVIII siècle, un mélange ethnique, une cohésion »
CD 3 titres avant la sortie de l’album
« A force de faire des concerts, on a réussi à se faire connaître. Au début on a joué beaucoup à « la Pêche » qui a été une salle qui a voulu faire connaître des jeunes artistes. On jouait aussi souvent dans notre local. On faisait des fêtes pas possibles. Tout était gratuit, ouvert à tous, une démarche formidable. Des choses simples, mais on s’en souvient 10 ans après. Maintenant on est rue de Stalingrad (à Montreuil NDLR) depuis 10 ans. Ça a été une grosse bataille pour être relogé. En 1995 là-bas on a reconstruit un studio. Avant c’était un hangar. C’est là que l’on répète et que l’on produit nos albums. C’est un lieu primordial pour notre indépendance. C’est un pôle musical. On a formé une association « Murple et Compagnie » qui nous permet de sortir nos disques ». Le groupe va d’ailleurs bientôt sortir un nouvel album dans quelques mois. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés.
Je salue Romain et lui donne rendez vous vendredi prochain à la Pêche . 20 ans, ça se fête. Ça se fête ensemble. C’est un peu le message de Jim Murple Memorial. Come on, Rude Boys !!!
Site internet de Jim « Murple Memorial » ici
Ps : j’ai failli oublier de vous raconter une anecdote assez marrante que n’avait pas manqué de me raconter Romain.
« Figure-toi que dans chaque pays il y a un top 300 du nombre de téléchargements sur les plateformes musicales. Et on est arrivé 113 sur 300 en Nouvelle Zélande !!! T’y crois ça ? C’est un truc de malade… Aujourd’hui la musique c’est une bouteille à la mer. On est arrivé 113 sur 300 dans les téléchargements de la musique mondiale sans même y avoir mis un pied, ni connaitre une personne là-bas. Je trouve ça complètement génial ».
Moi aussi.
