La nuit juste avant de photographier KIKA, je rêvais de tortues  et en me réveillant, l’idée de photographier un chat m’apparut.

Quelle fut ma surprise quand en arrivant chez elle je découvris son antre peuplée d’animaux.  Un chat, 2, 3, 4 et aussi une chienne, un Geko et au milieu Kika.

Mon idée se construisait  au fil de nos conversations, son mur bleu ciel serait mon fond.

Si Houellebecq décrit le rapport Homme animal comme l’amour absolu, je ne cherchais pas vraiment le rapport entre les deux mais plutôt revenir à l’origine de l’être humain.

Un retour aux sources… à la nature.

Une évasion sociale (et non monétaire 😉 ), le temps d’une séance photographique, un peu comme des vacances.

Kika, par sa personnalité et son histoire, avait  l’authenticité et la sensibilité pour ce portrait, il ne me restait plus que sa peau connectée avec le pelage de sa chienne Nora.

Sa peau était revêtue de tatouages, son propre pelage, celui qu’elle avait choisi.

Je déclenche.

Les photographies s’enchainent…

L’oiseau sur sa poitrine prend son envol.

Camille Cier - Kika

Camille Cier - Kika

Camille Cier - Kika

 


Camille Cier - Kika

 

Camille Cier - Kika

Camille Cier - Kika

Camille Cier - Kika

Camille Cier - Kika

La parole est à Kika :

On réserve aujourd’hui le terme « animal » à des êtres complexes et multicellulaires, par conséquent je suis donc très animale, complexe et constituée de millions de cellules, qui font de moi, ce que je suis.

Mais le terme « animal » est aussi souvent utilisé pour distinguer, le reste du monde animal des humains.

Je suis née et j’ai grandi à Yaoundé, au Cameroun. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été entourée d’animaux de toutes sortes, vertébrés comme invertébrés, je grattais le sol à la recherche de compagnons, qu’il s’agisse de têtards ou de termites, d’oiseaux Mange mil, ou de petits ragondins.

Enfant, timide et particulièrement solitaire, adulte mimétique, j’ai toujours préféré la compagnie de mes congénères hétérotrophes, leur présence était et demeure apaisante.

Jamais ils ne jugeront mes comportements inadéquats, je n’ai donc nullement besoin de lutter contre moi, ma nature profonde.

En vérité, je n’ai jamais vraiment aimé et compris mes semblables, que je trouve volontiers bruyants, agités, souvent envahissants, violents. Aujourd’hui encore, ils m’effraient souvent, m’obligent à une adaptation continuelle, à me fondre, à gommer toutes les aspérités de ma nature profonde, à agir ou dire ce qu’il est communément admis de faire ou de dire, sous peine d’être mise à l’écart, ou considérée comme « spéciale ». J’ai passé toute ma vie à me comporter comme on l’attendait de moi, Je suis atteinte de mimétisme social compulsif. Trop souvent en souffrance par la permanence de cette sensation de n’être à ma place nulle part.

Mais parfois, quand la coupe est pleine, ma peau prend alors le relais, se recouvrant d’une robe que j’ai choisie, un pelage qui raconte mon espèce, mon genre, ma famille, mon ordre, ma classe, mon embranchement, etc.


Pour en savoir plus sur Kika

 

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