Mardi soir, je me suis invitée dans l’atelier montreuillois de Floriane. Cette plieuse acharnée m’a chaleureusement ouvert les portes de son métier, véritable passion, et de son art, l’origami. J’ai été séduite par ses animaux de papier, si précieux une fois déposés dans leur nid de verre !

Florigami_Cerf_Or

Floriane, depuis combien de temps dure l’aventure Florigami ?

Depuis janvier 2014. Cela va faire 2 ans que j’ai créé le concept, et seulement un an que je vends mes créations. Ce n’est pas un projet qui a mûri pendant des années, j’aime à dire au contraire que c’est un projet « flash ». L’idée est venue lors d’un brainstorming avec mes anciens collègues, lorsque j’étais stagiaire en communication scientifique. Car au départ je viens du monde des sciences, j’ai un doctorat en géophysique et je ne me destinais pas du tout à l’entrepreneuriat créatif ! Mais dans la vie, tout arrive !

Comment en es-tu venue au domaine de l’origami, finalement assez opposé à ton domaine d’études ?

L’origami, c’est très mathématique ! Bien sûr il s’agit d’un travail artisanal, donc on a un peu de marge au niveau des pliages. Mais même la marge se maîtrise. C’est un vrai travail de précision.

Mon doctorat en poche, j’ai voyagé pendant un an, et fin 2013 je cherchais un job dans la communication scientifique. Je me suis rendue compte dès mes études que je ne pourrai pas travailler dans la recherche. C’est beaucoup trop solitaire ! Ce qui me plaisait vraiment, c’était d’aller à la rencontre des autres, de leur faire découvrir de manière vulgarisée et accessible mes travaux scientifiques. C’est pour ça que j’ai réalisé ce stage en communication scientifique chez umaps, à l’époque encore en pépinière à l’Atrium de Montreuil. C’est là que j’ai attrapé le virus de l’entrepreneuriat. Nous avons fait un brainstorming en décembre 2013 et les thèmes loisirs créatifs, passion pour le Japon et origami sont ressortis. C’était le début de l’aventure Florigami !

J’ai toujours été très bricoleuse, j’avais déjà commencé l’origami en primaire. J’adore fabriquer des choses, les faire émerger du néant. Cela ne posait donc pas de problèmes pour moi de fabriquer les produits, par contre j’ai appris le métier de chef d’entreprise sur le tas.

Finalement la voie de l’artisanat créatif était sous- jacente depuis toujours ?

Oui en effet. C’est comme si j’avais eu une ligne de base que j’avais ignorée pendant toutes ces années d’études scientifiques très théoriques et abstraites. Je ne me suis jamais sentie autant moi-même qu’aujourd’hui ! Cependant cela n’a pas toujours été facile. Au début j’avais l’impression d’avoir une montagne à gravir devant moi. Ma famille avait également très peur de me voir me lancer dans l’origami après un doctorat en géophysique (rires). Mais j’étais décidée. J’ai cherché une colocation à Montreuil et j’ai commencé à créer, en vivant dans un premier temps grâce aux allocations chômage.

Lors de ma première exposition, en 2014, aux Journées Européennes des Métiers d’Art, j’ai pu présenter mon travail à mes parents, mes prototypes, mon site, et la communication que j’avais bâtie. Ils étaient conquis et mon père m’a même aidée pour la fabrication des socles en bois. Aujourd’hui je les fabrique seule en FabLab, à l’aide d’une fraiseuse numérique. C’est plus économique que de faire appel à un socleur !

Floriane-Florigami

Quand as-tu réellement démarré ton activité ?

J’ai pris le statut d’auto-entrepreneur en juin 2014, au moment où j’ai commencé à vendre. D’ailleurs au départ je me suis pas mal posée de questions concernant la vente des origamis.

Il n’y avait rien. J’ai fait une antilope, je l’ai posée sur une table et je me suis demandé comment j’aillais faire pour valoriser cette création en papier. Je ne pouvais pas vendre l’origami seule. Du coup j’ai acheté une cloche en verre, et j’ai placé l’antilope à l’intérieur. J’ai pris une photo que j’ai mise sur Instagram et j’ai reçu de nombreux likes, beaucoup plus que je n’aurais espéré. Cela a permis de valider le concept et j’ai commencé à vendre mes premières créations. Aujourd’hui j’ai deux variantes, la cloche et le cadre. Je développe mon image de marque autour de cette atmosphère « cabinet de curiosités », en essayant de ne pas être trop « bizarre » non plus. Mes origamis s’intègrent très bien dans les décorations les plus modernes, notamment celles d’inspiration scandinave.

Ma première collection était composée de 4 modèles : l’antilope, l’éléphant, le scarabée et le papillon, en version or ou argent. Cela m’a permis de bien me positionner au départ. En effet je trouve que le risque pour une entreprise créative, et pour toute entreprise d’ailleurs, c’est de partir dans tous les sens. Aujourd’hui j’ai élargi ma collection sur le thème de la forêt enchantée avec le dragon, le cerf, le hibou, le renard et la licorne.

Parlons maintenant de la fabrication des origamis

Pour fabriquer mes origamis, je me fournis en papier sur Origami-Shop, une entreprise qui vend un papier d’exception et adapté au travail de pliage. En effet, il faut que le papier soit fin mais résistant en même temps. Ainsi, mes origamis ne s’altèrent pas. De plus ce papier a un revêtement métallisé qui reste élégant, il a un grain très fin et reflète bien la lumière.

Une fois pliés, les origamis sont placés sur un socle constitué d’un rond en bois de bouleau sur lequel vient se poser un rond en médium (ndlr : dérivé de bois) teinté dans la masse.

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Quels sont tes best-sellers ?

L’antilope a très bien fonctionné mais le cerf est mon nouveau best-seller. Dès que je l’ai mis en ligne, il a attiré tous les projecteurs !

Mes clients sont aussi très proactifs, ils proposent de nouveaux animaux, comme la tortue, la grenouille et le lion qui accumulent de plus en plus de points. C’est très important d’être à l’écoute de ses clients, même si j’avoue aimer particulièrement mon positionnement actuel de bestiaire. Je ne suis pas prête à me lancer dans l’origami de figurines humaines ou même d’objets divers. Je ne peux pas non plus répondre à des commandes isolées. Cela prend beaucoup de temps de designer et d’adapter les origamis à leur support.

Où peut-on acheter tes jolies créatures ?

Je suis surtout sur les plateformes de vente en ligne comme Etsy et A little Market. Ces plateformes sont très avantageuses pour les jeunes créateurs comme moi, car les commissions sont faibles et nous profitons de leur impact mondial au niveau de la communication.

Mes origamis sont également disponibles dans le magasin Les Pétroleuses, à Paris. Mon business actuel n’est pas encore axé sur le développement en boutiques physiques, mais ça va venir !

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Licorne-Florigami-Montreuil

Quels sont les délais de livraison ?

Aujourd’hui j’en suis à 3 jours ouvrés, avec 2 jours de livraison. Si tu commandes le lundi, tu peux l’avoir le vendredi ! C’est très important pour moi de diminuer au minimum ces délais. Et, détail important, les frais de port sont inclus dans le prix, donc pas de mauvaise surprise. 

Vends-tu uniquement en France ?

J’ai dernièrement envoyé un colis à Honolulu. J’ai également beaucoup de commandes provenant des Etats-Unis. Le made in France séduit !

Arrives-tu aujourd’hui à vivre de ton activité ?

Depuis le mois d’août 2015 je rentre dans mes frais et depuis ce mois-ci j’arrive à dégager des bénéfices. Il y a bien sûr l’effet Noël mais c’est également grâce à Etsy, qui a mis la licorne blanche en valeur dans une récente newsletter mondiale. Et depuis, la fréquentation de ma boutique ne cesse d’augmenter !

Les prochains projets ?

Continuer ainsi mais pas seule ! Je ne prends pas la direction de l’artisan solitaire mais plutôt de la création d’une entreprise avec des salariés qui s’occuperaient de la communication, de la fabrication, du commercial. J’aime beaucoup fabriquer mais je ne serai pas triste de me consacrer uniquement au développement économique de Florigami.

Je serai également présente à une vente-atelier les 27, 28 et 29 novembre au Présentoir à Montreuil, avec 3 autres créatrices ! (ndlr: article à suivre avec plus d’infos sur cette vente-atelier). Ce sera une bonne occasion de s’initier à l’origami.

Je serai également peut-être sélectionnée pour le Pop-Up Etsy de Noël ! Croisons les doigts.

Que conseillerais-tu aux personnes qui souhaitent créer leur entreprise ?

Premièrement je leur dirai de ne pas avoir peur d’être au chômage ! Les allocations permettent de tenir les premiers temps de création d’entreprise et il existe également des aides de l’Etat.

Ensuite je conseillerais aux futurs entrepreneurs de bien s’entourer, d’aller dans les espaces de co-working, dans les meetup, interroger les entrepreneurs,…

Bien sûr le chemin n’est pas toujours facile, on galère mais c’est très formateur. Arrivé au sommet de la montagne, on s’étonne soi-même de choses que l’on n’aurait jamais pensé être capable d’accomplir.

Soyez prêts à vous étonner !

Merci à Floriane pour cet entretien, ce bon moment. Nous souhaitons à Florigami tout le succès que mérite cette jeune créatrice.

Retrouvez Florigami sur florigami.fr, Facebook, Instagram, et bien sûr sur les boutiques en ligne Etsy et alittleMarket