Ce vendredi 16 mars, dès 18 heures chez les Tatas flingueuses, c’est l’affluence. Durant la soirée, plus d’une trentaine de personnes viendront admirer les œuvres de Sylvie Marletta et déguster des vins vinifiés à Montreuil. Retour sur cet événement.

Sylvie Marletta

Déo, la reine des Tatas surveillait le travail de Sylvie Marletta depuis un petit moment, à travers ses parutions et son exposition à l’Armony puis comme l’explique la maîtresse du lieu « A force de se parler, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose ensemble. Même si on ne flingue pas, on s’appelle les tatas flingueuses, le travail de Sylvie prend un sens particulier avec l’actualité« .

Une actu, un lieu, l’exposition s’annonce donc prometteuse. A 19 heures, Sylvie fait encore des allers-retours entre l’intérieur, où le monde s’accumule et le pas de porte où elle accueille les nouveaux arrivants. A l’intérieur, une vingtaine d’œuvres petit format est exposé. Une quinzaine habille un pan de mur, les autres sont nichées sur une étagère entre des accessoires ou des sacs de créatrices. Du coup le visiteur ou plutôt la visiteuse (le public est plutôt féminin) est obligé-e de chercher. L’interrogation commence peut être ici. Et en regardant ces œuvres, les questions ne manquent pas.

    

Ces tableaux représentent  » Bien la place de la femme dans la société. » relate une femme « Sois belle et tais-toi. » dira une autre devant les collages. Un accueil qui ravit Sylvie Marletta  » C’est très chaleureux. Les invité-e-s posent beaucoup de questions pertinentes. J’entends beaucoup de remarques. Je suis surprise. J’observe, je vois beaucoup de lumière dans les yeux. Les gens sont très réceptifs, j’aime« . Beaucoup de questions sur l’actualité, la journée internationale du droit des femmes résonne-t-elle encore ? Depuis la révélation du scandale Harvey Weinstein, les langues se délient plus facilement, mais l’égalité Femme/Homme reste seulement sur le papier. La société française demeure dans les faits, patriarcale.  » Féministe ou pas je défends la liberté, en gardant toujours du recul. Les collages ont été majoritairement faits avant le scandale Weinstein notamment « Be beautiful and shut up.« 

« C’est une œuvre féministe, d’une femme qui aime les hommes et la liberté. » note l’artiste. Cette femme nue bâillonnée, derrière les barreaux fait réagir. L’artiste se saisit de l’air du temps, sent ce qui se passe et projette son ressenti sur ses photos, toiles ou collages « On est dans une époque de plus en plus puritaine. On critique les femmes politiques qui portent des jupes jugées trop courtes ou des chemisiers un peu trop ouverts, ça suffit, on n’est plus en 1950« .

Face à l’époque de l’immédiateté, de l’instantanéité, où l’émotion prend le pas sur la réflexion, la photographe plasticienne pense à long terme, à l’éducation et à ses enfants  » J’ai envie que mes filles et mon fils puissent grandir sereinement, en tant que femmes et homme. Je fais des œuvres, chacun, chacune prend ce qu’il a envie de prendre. Les gens qui sont venus m’ont dit que cela les avait fait réfléchir, s’interroger. J’aime aussi mettre des mots en vrac que les personnes puissent se raconter des histoires elles-mêmes, en revoyant mon travail, il y a un côté mystérieux« .

Moins mystérieux et plus direct « Balance ton crapaud » est en réaction à « balance ton porc ». L’artiste visuelle a souhaité dédramatiser en forçant le trait. « Le Hilter, car c’est une forme de dictature. De dire, c’est comme ça et pas autrement. Gardons du bon sens et du recul. Hitler est maquillé et donc tourné en dérision.« 

Cette exposition va faire parler, Déo y croit en tout cas  » C’est une boutique café, le lieu s’y prête. Mettre des mots sur des maux, c’est très important, c’est le b.a.-ba de la compréhension de l’humain.« 

Sylvie Marletta chez les tatas c’est jusqu’au 17 avril 2018. Si vous souhaiter acquérir des collages, c’est aussi possible.


Les tatas flingueuses

52 rue de Paris

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