Evénement incontournable de cette rentrée culturelle à Montreuil, l’inauguration du nouveau Cinéma Méliès est sur toutes les lèvres. Beaucoup de curieux se sont déjà empressés d’aller visiter ce magnifique bâtiment qui se déploie sur deux étages en plein cœur de la ville, place Jean Jaurès. Faisant partie de ces curieux, j’ai ouvert les portes du Cinéma et j’ai été frappée par cette belle luminosité et cette impression de grand espace très apaisante. En haut des marches rouges, Caroline m’attendait pour une visite chaleureuse.

crédits photos:  @ville_montreuil (instagram)

Je suis agréablement surprise par ce que je découvre au premier étage. Une bibliothèque collaborative, un café-ciné, une terrasse magnifique avec vue imprenable sur le Quartier de la Mairie, des fauteuils à déplacer selon son gré pour se créer son propre espace de travail et d’échange : il n’y a pas à dire, on se sent bien dans ce nouvel espace dédié au cinéma Art et Essai. Je suis surtout fascinée par ce concept de bibliothèque collaborative, qui grâce à l’association Bouq’Lib’, offre aux visiteurs la possibilité de consulter ou d’emprunter de nombreux ouvrages. Je vous invite à aller y flâner et à vous asseoir dans ces drôles de fauteuils à bras troués et dans lesquels on peut également ranger les livres.

crédits photos: montreuil.fr

Caroline Carré, chargée de la conquête des nouveaux publics au Cinéma, poursuit sa visite en me faisant pénétrer dans l’une des 6 magnifiques salles. Sièges modernes et confortables, places dédiées aux personnes à mobilité réduite, équipement numérique et sonore dernier cri, le nouveau Méliès a plus d’un tour dans son sac pour ravir ses spectateurs.

Je profite alors d’une petite pause dans l’espace dédié aux tout-petits, pour poser mes quelques questions à Caroline sur le Nouveau Cinéma Méliès.

Parlez-nous de ce projet de déménagement, quelle en est la genèse ?

Le projet mûrit depuis des années. Toute l’équipe du Cinéma l’a construit au fur et à mesure et est très impliquée dans ce qui a été mis en œuvre ici. Je pense par exemple à ce coin dédié aux tout-petits, et à ces grands espaces qui permettent des échanges entre les différents publics. Les associations, les spectateurs, ont également été porteurs du projet, comme par exemple l’association Renc’Art, qui participe à notre Conseil du Cinéma – réunion trimestrielle qui permet la consultation de différents publics (élus, associations, enseignants, professionnels du cinéma). Tout le monde a intérêt à ce que le cinéma fonctionne bien, que des œuvres continuent à être mises en valeur.

La ligne artistique du cinéma va-t-elle se trouver modifiée par ce déménagement ?

Non je ne crois pas que la ligne va bouger. Notre programmation était la même auparavant, nous étions simplement moins visibles. La ligne est diversifiée et réfléchie.  Le cinéma est classé Art et Essai par le CNC (Ndlr : Centre national du cinéma et de l’image animé) et doté des 3 labels : Recherche et Découverte, Jeune Public, Patrimoine et Répertoire. Nous programmons donc une diversité de films s’inscrivant dans ces catégories. Nous avons également des films faisant partie du programme d’éducation à l’image pour les scolaires. Il nous arrive d’exposer des œuvres assez pointues qui s’adressent en premier lieu à des cinéphiles mais qui s’ouvrent en fait à un plus large public. Pour cela, les rencontres avec l’équipe de réalisation sont très importantes, car elles permettent aux spectateurs d’embrasser l’univers créatif du réalisateur. Nous projetons aussi des films « grand public », en sortie nationale ainsi que du cinéma populaire américain, de qualité, tout en privilégiant la V.O. sous-titrée lorsque la version française nuit à la qualité de l’œuvre. Cette pluralité d’œuvres nous permet d’offrir un large choix à nos publics. Quand on vient au cinéma, on ouvre des fenêtres. C’est l’occasion de découvrir des cultures, des modes de vie différents, des situations sociales et politiques qui ne sont pas les nôtres. Le monde est à nous quand on est au cinéma !

crédits photos:  @dailyparisupdate (Instagram)

Quels sont les tarifs du Cinéma pour cette rentrée 2015/16 ?

Les tarifs resteront les mêmes et sont établis par la communauté d’agglomération Est-Ensemble pour un réseau de 7 cinémas publics dont le Méliès. Nos tarifs sont très attractifs afin que le cinéma reste ouvert au plus large public possible. Le tarif plein est à 6 euros, 5 euros pour les abonnées ou 45€ pour les 10 places. Les moins de 26 ans, les bénéficiaires de minima sociaux, les personnes inscrites à Pôle Emploi, les retraités, les familles nombreuses et les personnes en situation de handicap peuvent bénéficier du tarif réduit à 4 euros. Les tarifs sont également très attractifs pour les enfants et leurs parents, sur la programmation de film “Voyage dans la lune” à 3,50 €. Les tarifs des dispositifs scolaires sont très avantageux pour les écoles maternelles et élémentaires (2,30 € la place), pour les collèges et lycées (2,50 €).

Aux services municipaux et aux associations qui sont en relation avec un public éloigné de l’offre culturelle, nous proposons de concevoir ensemble des actions de médiation afin d’accompagner les personnes les plus en difficulté et d’établir également une convention tarifaire d’insertion économique et sociale pour permettre à leurs bénéficiaires de venir au cinéma. Nous proposons également des conventions aux comités d’entreprise pour permettre aux salariés de venir seuls ou en famille au cinéma.

(Plus d’informations sur les tarifs ici)

Existe-t-il des programmations dédiées à certains publics au Méliès ?

Je travaille avec des antennes de quartier, des associations et nous pouvons ensemble décider d’une programmation ciblée, justement pour attirer de nouveaux publics. Ces séances dédiées à un public spécifique sont bien sûr accessibles à tous. Notre état d’esprit est vraiment le mélange des publics comme lors de notre collaboration avec ATD Quart Monde en mai dernier. Les bénéficiaires sont des personnes dans des conditions très précaires, souvent sans domicile fixe. Ils ne pensent même pas à aller au cinéma car ils ne pensent qu’à survivre. L’association nous a contactés afin d’organiser un Festival du film pour agir contre la misère et pour la dignité. Ce festival était bien sûr ouvert à tous. Il y avait des bénéficiaires d’ATD venant de toute la France mais également des spectateurs du Méliès et des professionnels travaillant dans les centres d’hébergement d’urgence. Pendant le Festival, nous avons projeté Spartacus et Cassandra, un documentaire très poétique qui raconte l’histoire de deux enfants Roms recueillis par une jeune femme artiste de cirque. C’était un moment très fort et magique. On ne peut pas en sortir indemne. Les enfants Roms qui étaient venus avec leurs éducateurs ont pu se projeter dans ce film, ils avaient trouvé leurs vedettes. C’était eux en fait !

Et vous Caroline, quelle est votre histoire avec le Méliès ?

Cela va faire 5 ans que je travaille au Méliès et mon poste a été créé pour les besoins du Cinéma. Je suis chargée de la conquête de nouveaux publics. Une partie de ma mission concerne la communication et les relations publiques. Il faut faire venir des spectateurs et remplir des salles pour des films dont on n’a pas forcément entendu parler, qui n’ont pas bénéficié d’une communication importante. Ma mission est également de susciter l’envie et l’intérêt du public sur les films programmés. Je m’adresse autant à des spectateurs motivés qu’à des personnes qui ne vont jamais au cinéma, ou des personnes qui ne peuvent pas y accéder, soit par difficulté économique ou parce qu’ils sont en situation de handicap. J’essaye de trouver des solutions pour que le plus de publics possible puissent accéder au cinéma.

Je m’occupe par exemple de jeunes un peu en dehors du circuit scolaire habituel. Je travaille avec le service jeunesse de la ville et des associations comme Rue et Cité pour l’insertion de ces jeunes, notamment grâce aux métiers du cinéma. Avec La Maison des Femmes et le service intégration de la ville de Montreuil, nous amenons des femmes migrantes qui sont en apprentissage du français langue étrangère à assister à des séances de cinéma dans le cadre de leur stage. Certaines viennent d’arriver en France et cherchent du travail, d’autres sont installées depuis longtemps et ont élevé leurs enfants ici. Elles viennent souvent pour la première fois au cinéma. Elles découvrent l’univers du cinéma, les cabines de projection et nous leur proposons souvent un temps d’échange après une séance qui s’inscrit dans le cadre de leur formation linguistique. Pour les séniors, nous programmons en partenariat avec le CCAS (Ndlr : Centre Communal d’Action Sociale) de Montreuil des séances tous publics, à raison de deux séances par mois l’après-midi. Ce qui favorise les rencontres et les échanges d’un groupe de spectateurs assidus qui aiment se retrouver autour d’un café dans un cadre convivial. J’attends également avec impatience le matériel qui permettra l’audio description des films pour les personnes souffrant de déficience visuelle et un système qui permettra aux personnes avec appareil auditif de bénéficier d’un son amplifié. Un vrai plus ! Nous avons également un très beau projet avec l’association Cinéma Différence pour mettre en place des séances ouvertes à tous mais adaptées aux personnes en situation de polyhandicaps avec troubles du comportement. La première séance aura lieu le samedi 14 novembre à 16h.

crédits photos: summer_crush (Instagram)

Merci à Caroline Carré pour cette belle visite ! Vous aussi soyez curieux et venez pour une projection, une exposition ou tout simplement pour travailler dans une atmosphère calme et apaisante tout en profitant d’un bon café.