Rencontre avec Arlette Desmots qui met en scène “Conte d’un matin sans lendemain” avec l’atelier de la Cie Ekphrasis dans le cadre du Festival Amathéâtre de Montreuil.

Théâtre Berthelot Festival Amathéâtre Cie Ekphrasis

Nous sommes le 12 juin 2015 et il est 19h30. Au Théâtre Berthelot les comédiens se préparent à entrer en scène. Parmi les spectateurs, des proches mais aussi des Montreuillois venus découvrir les talents des comédiens amateurs de la ville. C’est dans une ambiance très chaleureuse que nous assistons à la représentation de “Conte d’un matin sans lendemain” (texte de Jean-Yves Picq) dans le cadre du festival Amathéâtre, dont c’est la quatrième édition.

Théâtre Berthelot Festival Amathéâtre Cie Ekphrasis

Le rideau se lève et on oublie que l’on est face à des comédiens amateurs, leur générosité et présence sur scène interpellent. Une complicité s’installe entre spectateurs et comédiens. Après la pièce, la metteure en scène trouve quelques instants pour venir échanger avec nous. Arlette Desmots dirige depuis 2004 les comédiens professionnels de la Cie Ekphrasis, mais travaille également avec des comédiens amateurs dans le cadre de l’atelier théâtre. Qui sait, peut-être que l’année prochaine ce sera vous que l’on retrouvera sur les planches du théâtre Berthelot, alors n’hésitez pas à prendre contact avec la compagnie pour plus de renseignements (tel : 01 48 59 56 17).

Théâtre Berthelot Festival Amathéâtre Cie Ekphrasis

Entretien

Nestor : Vous dirigez la compagnie Ekphrasis, parlez-nous de sa genèse et de son projet…

Arlette Desmots : La compagnie Ekphrasis existe depuis dix ans. Comédienne depuis longtemps, j’ai créé cette compagnie d’abord pour mettre en scène les textes de l’auteur norvégien Jon Fosse, pour lesquels je suis tombée en amour.

Ce soir, on a vu une mise en scène très corporelle, très axée sur la mise en espace des corps, mais aussi sur la musique…

C’était particulier au “Conte d’un matin sans lendemain”. L’intérêt avec les comédiens de l’atelier théâtre, dont certains restent d’une année sur l’autre, c’est de ne pas faire les mêmes choses chaque année, de se lancer des défis. Avec ce groupe on a déjà joué Antigone de Sophocle, Cet enfant de Joël Pommerat, ou encore…Jon Fosse ! Pour cette création on s’est donné le challenge de mettre à l’honneur le chœur et le travail physique plus que le texte, pour explorer un registre expressionniste que nous n’avions pas encore abordé. Quant à la musique, il s’agissait d’un groupe danois !

Quel est votre rapport à la ville de Montreuil ? Vous y organisez le festival Théâtre au Jardin depuis plusieurs années (en biennale désormais)…

Montreuil, c’est la ville où je vis, et où j’ai la chance d’habiter un quartier avec des jardins. Le théâtre au jardin réunit mes deux passions dans le même concept : terre et ciel, corps et esprit. Je m’intéresse au théâtre dans le champ de l’intime, et mon travail théâtral au jardin s’inscrit dans cette démarche[…] Les formes sont adaptées au lieu, on fait un travail de mise en espace. Il n’y a pas de décor ni d’aspect technique, les comédiens sont là avec les spectateurs, pour dire les textes, les jouer ou les lire. Les gens qui viennent sont les gens du quartier, on vient dans le jardin du voisin. C’est plus facile d’entrer dans un jardin que dans un théâtre ! Petit à petit, la compagnie s’est fait un public de gens qui n’avaient pas forcément l’habitude de sortir au théâtre. Ces spectateurs se mélangent avec  un public de professionnels. Dans une démarche d’ouverture, on laisse les spectateurs choisir leur tarif.

Quels sont les thèmes qui vous interpellent au théâtre ?

Je travaille beaucoup sur les questions existentielles. Ces questions sont centrales dans l’œuvre de Jon Fosse, mais aussi dans l’œuvre d’autres auteurs nordiques. Ce qui m’intéresse chez ces auteurs, c’est la façon de poser les questions sur le sens de la vie|…] C’est une approche par « l’être » plus que par le mot. Je demande aux comédiens « d’être » et non pas de « faire », c’est une approche par le non-jeu… On travaille sur l’ancrage, la vibration intérieure qui transparaît sans nécessité de « montrer » au spectateur.

Théâtre Berthelot Festival Amathéâtre Cie Ekphrasis

Crédit photo : Nestor

Un grand merci à Arlette Desmots !

Pour retrouver la Cie Ekphrasis, rendez-vous en novembre 2015 au théâtre Berthelot. Nous vous tiendrons bien sûr informés !