Dans la famille « mise en abyme », le Théâtre Municipal Berthelot – Jean Guerrin gagne haut la main.
En ces temps troublés dus à la Covid-19, la Compagnie Théâtre en scène dirigée par Vincent Goethals s’apprête à jouer à Montreuil une pièce dans laquelle le « maître » qui dirige une troupe de théâtre, pendant la Seconde Guerre Mondiale, veut jouer à tout prix « Le Roi Lear » de William Shakespeare. Certes, nous ne pouvons comparer notre époque à celle qu’ont connue nos aïeuls, il n’empêche que ce parallèle reste troublant.
Ce mercredi 7 octobre, j’aurai la chance d’assister à la première de cette nouvelle création du metteur en scène Vincent Goethals. Cet habituel amoureux du théâtre francophone contemporain a jeté son dévolu, une fois n’est pas coutume, sur un texte écrit par un dramaturge né en Afrique du Sud et qui a longtemps vécu en Angleterre. Vous connaissez Ronald Harwood sans le savoir, puisqu’il a écrit les films « Le Pianiste » de Roman Polanski et « Le Scaphandre et le Papillon » de Julian Schnabel.
Pour écrire « L’Habilleur », Ronald Harwood s’est inspiré de sa propre histoire. En effet, il fut, dans les années 50, l’habilleur d’un grand acteur chef de troupe shakespearien, Sir Donald Wolfit.
Voici donc une pièce qui ravira certainement les amoureux du théâtre.
Continuons d’aller au théâtre (tout en respectant le protocole sanitaire mis en place), c’est dit !
L’HABILLEUR de Ronald Harwood
Mise en scène : Vincent Goethals
Traduction: Dominique Hollier
Avec : Bernard Bloch, Marc Schapira, Camille Grandville, Muranyi Kovacs, Baptiste Roussillon, Jeanne Hirigoyen
Dramaturgie : Bernard Bloch – Scénographie : Anne Guilleray – Costumes : Dominique Louis, assistée de Sohrab Kashanian – Lumières : Philippe Catalano – Environnement sonore : Bernard Vallery
au Théâtre Municipal Berthelot – Jean Guerrin (6 rue Marcelin Berthelot), du mercredi 7 au samedi 10 octobre 2020 à 20h30.
Réservations: 01 71 89 26 70 / resa.berthelot@montreuil.fr
Mercredi, j’ai assisté à la première de « L’Habilleur », la pièce de Ronald Harwood sur une mise en scène de Vincent Goethals au Théâtre Municipal Berthelot – Jean Guerrin et voici ce que j’en ai pensé…
« Il se dégage de cette pièce un charme désuet (ce n’est pas péjoratif, il faut seulement entendre qu’il n’y a presque aucun effet de mise en scène, comme on a l’habitude de voir aujourd’hui quand on fréquente assidûment les scènes subventionnées). La majorité des scènes se déroule dans la loge du Maître, cet acteur charismatique qui vit les dernières heures de sa vie et qui ne serait rien sans son « habilleur », homme à tout faire, répétiteur… La mise en scène est discrète, ingénieuse quand il s’agit de reproduire certaines scènes du « Roi Lear » – la pièce se passe avant, pendant et après la représentation. Il y a cette histoire, inspirée par la propre vie de Ronald Harwood, qui fut cet habilleur pour Sir Donald Wolfit de la Shakespeare Company dans les années 50, passionnante. Il y a cette mise en abyme : le théâtre dans le théâtre. Il y a ce parallèle : jouer, quoi qu’il en coûte. Ici les bombardements, aujourd’hui la pandémie. (la mise en abyme de la mise en abyme est que les comédiens de la pièce ont dû répéter et jouer sans leur metteur en scène les dix derniers jours avant la première de la pièce – la comédienne Camille Grandville y a fait allusion lors des saluts – d’ailleurs, je ne sais même plus si ça en est une, de mise en abyme. Comme quand on répète plusieurs fois le même mot jusqu’à en perdre le sens). Il y a les acteurs. Car il s’agit bien d’un bel écrin pour les deux acteurs principaux Bernard Bloch (Le Maître) et Marc Schapira (l’Habilleur) qui sont impériaux. Et quand on est au premier rang, on prend des leçons de jeu.
En somme, cette pièce fut une surprise et ça fait du bien d’être surpris. Surtout quand c’est des bonnes (surprises). »