Lundi: lessive de blanc (60 degrés)
Mardi: GEM à 14h
Mercredi: faire les courses
Jeudi: GEM à 14h
Vendredi: Faire les courses
Samedi: Lessive de couleur (30 degrés)
Dimanche: déjeuner chez maman à 12h30

Le facteur passe toujours à la même heure. Parfois il est en retard mais ce n’est pas de sa faute. On reconnait le facteur car il est toujours habillé pareil. Il a un uniforme. Le facteur s’appelle Thibaut. Je lui ai déjà demandé. Parfois quand je descends pour prendre le courrier, je le vois en train de mettre les lettres dans les boites à lettres. Alors je dis bonjour. Il me répond et dit aussi bonjour. Je pense que l’on se connaît car Thibaut m’a dit 4 fois bonjour déjà. Quand il a fini, il va distribuer le courrier dans les maisons à côté.

Je suis un peu embêté car cela fait plusieurs semaines que je reçois des lettres qui ne me sont pas adressées. Au début j’ouvrais le courrier un peu machinalement sans regarder l’adresse sur l’enveloppe. La plupart du temps c’était des factures : le téléphone, la télé par internet, des papiers pour le loyer.

Comme c’était des factures, il y avait toujours plein de chiffres mais je pense que personne ne les regarde la plupart du temps. Je suis persuadé que tout le monde regarde en premier le chiffre qui est en bas de la page. Il est facile à reconnaître car c’est le chiffre le plus gros. Si les gens ne sont pas étonnés par ce chiffre en gros, ils ne regardent pas les autres petits au dessus. Je ne comprends pas toujours ce que veulent dire les phrases qui expliquent à quoi correspondent les petits chiffres. En plus, la plupart du temps ces phrases sont suivies d’une série de petits points jusqu’au chiffre. Mais, le temps que je suive du regard la rangée de petits points, je ne me rappelle plus l’intitulé de la ligne. C’est pour cette raison que je ne m’y intéresse plus.

J’ai ouvert toutes les lettres que j’ai reçues mais qui ne m’étaient pas adressées. Au début, je croyais que Thibaut s’était trompé. Je me disais que ça pouvait arriver de se tromper. J’ai toujours comparé le travail de Thibaut avec celui du Père Noël. Tout les deux apportent des choses aux gens. Avec tout ce travail, ça pouvait arriver qu’ils se trompent une fois ou deux. le père Noël, lui, fait ça une fois par an mais Thibaut c’est tous les jours alors c’est encore plus dur.

Au début, je me suis dit que je devais lui en parler. Mais j’ai un peu peur qu’il se fâche et qu’il décide de ne plus me donner mon courrier, ce qui m’embêterait beaucoup c’est que j’aime bien quand il met des prospectus de magasins dans ma boite aux lettres. Je peux ainsi préparer ma liste de course en découpant les photos des produits qui m’intéressent. En plus, comme Thibaut pense à tout, il ne dépose que des prospectus avec des produits en promotion. Thibaut aime aider les gens. Donc je ne lui en ai pas parlé.

J’aime bien aller au GEM. Il se situe près du Théâtre des Roches. Ce n’est pas facile pour y aller. Je dois prendre le bus et marcher un peu à partir de l’arrêt. Il y a une longue route toute droite. Je croise souvent la même personne devant le champ de tir. Je fais toujours semblant de ne pas la voir quand je passe. Je me dépêche d’arriver. Là-bas, j’aime bien faire des activités avec d’autres personnes. Les gens qui s’occupent du GEM sont sympas. On prend souvent le temps de parler. Ce qui est bien, c’est qu’ils se rappellent que je prends toujours un café avec un sucre mais que je ne veux pas de cuillère dans ma tasse. C’est un peu comme une autre famille. Il y a toujours un temps où on est réuni pour discuter. On met les chaises en rond dans la pièce. Quand c’était mon tour de parler, j’ai expliqué aux autres les erreurs de Thibaut. Elles duraient depuis 3 semaines maintenant. Les autres n’ont rien dit mais la dame qui s’occupe de nous a un peu froncé les sourcils en entendant mon histoire.

En rentrant, j’ai décidé de mener mon enquête. J’ai pris une loupe et j’ai regardé attentivement l’adresse. Oui, l’adresse était bonne, 46 rue de Paris. Mais en regardant le nom du destinataire j’ai sursauté. C’était vraiment la bonne adresse et le destinataire habitait vraiment ici. J’ai  choisi alors de m’entretenir avec lui.

Il était dans la pièce à côté, sur mon lit. On se connaît depuis des années. Il m’a accompagné depuis que je suis tout petit. Je lui parle souvent et même s’il répond rarement, je sais ce qu’il pense. Lui a toujours eu une vie simple et je l’ai toujours envié pour ça.

Je suis entré dans la chambre et j’ai posé le tas de lettres sur mon lit.  » Tiens c’est pour toi, moi je ne m’en occupe plus « . Il n’a rien dit. J’ai dit  » Débrouille toi « . Je suis sorti de la pièce un peu fâché. Ce n’était pas à moi, nounours, de régler les problèmes des grandes personnes.