Résumé de l’épisode précédent:

Déçu de sa petite vie tranquille après la fin de la guerre contre les machines, un homme décida d’essayer un simulateur  qui lui permettra de vivre de façon aléatoire dans la peau d’un habitant de la ville. Après avoir changé une première fois d’identité,  il chuta violemment alors qu’il marchait en direction de la Boissière. Fatigué par sa mésaventure, il tenta de changer une nouvelle fois mais rien ne se passa. Il se retrouva alors bloqué dans la vie de cet habitant.

Il essaya puis réessaya la manipulation. Peut-être avait-il oublié quelques chose ? Non, pourtant. Il avait fait de même lorsqu’il n’avait plus eu envie d’être un serveur de bar. Il réfléchit. Par chance, il n’était pas tombé dans la grosse flaque d’eau qui était juste à côté. Il devait se rendre à l’évidence, il devait rentrer à son nouveau domicile. Mais où ? Grâce à la mémoire résiduelle, il savait qu’il devait remonter jusqu’à la Boissière. Mais après ? Il regarda dans ses poches. Il y trouva un vieux portefeuille usé par le temps. A l’intérieur se trouvaient une carte de bibliothèque municipale , une carte de fidélité du Chicken Boissière et une carte d’identité. Il regarda au dos et trouva une adresse. Dans une de ses poches à l’avant il trouva un trousseau de clés avec un passe. « Comme ça, je n’aurai pas besoin de code pour rentrer au moins » se dit-il. Il se dépêcha de rejoindre l’immeuble où il était sensé habiter. Après une première porte, il reconnut le nom figurant sur une boite aux lettres. Il monta à l’étage indiqué. Il tenta d’ouvrir une porte sur le palier mais ce n’était pas la bonne. Craignant de réveiller un voisin il essaya avec la porte juste à coté. Elle finit par s’ouvrir.

Devant lui se trouvait un long couloir. Il s’arrêta. « Pourvu que je vive seul. », pensa-t-il. Il visita le petit trois pièces. Personne heureusement. En l’entendant soupirer un chat sortit de la chambre en miaulant. Il lui dit : « Tu dois avoir faim. Je vais essayer de te trouver quelque chose à manger. » Il trouva un grand sac de croquettes et remplit le grand bol dans la cuisine. Il entra dans le salon et regarda par la fenêtre. Devant lui, les lumières de l’hôpital André Grégoire illuminaient la pièce. Fatigué par ce long périple, il s’allongea sur le canapé et s’endormit.

Une sonnerie de téléphone le réveilla. Il avait dormi longtemps car le soleil était déjà haut dans le ciel. Il prit son courage à deux mains. Il décrocha. « Allo? » « Allo, oui, bonjour, c’est Michel, je voulais savoir pourquoi vous n’êtes pas venu au travail ce matin ?« . La voix au téléphone avait un ton menaçant. « Cela fait trois absences non justifiées depuis le début du mois, pourtant je vous ai déjà averti que… » D’un geste machinal, il raccrocha au nez de son interlocuteur sans dire un mot. Quelques secondes après, le téléphone sonna de nouveau. Il décida de ne pas répondre.

Il s’assit sur le canapé en essayant de rassembler ses idées. Il appuya de nouveau sur sa tempe, on ne sait jamais, mais rien ne se produisit. Que pouvait-il faire ? Aller au commissariat ? On l’aurait pris pour un fou. Il réfléchit quelques instants. Il leva la tête, claqua des doigts et sortit en trombe de l’appartement.

Il habitait non loin de là. Mais ça c’était dans la vie réelle et il le savait bien. Il descendit le boulevard. Une fois arrivé à son domicile, il fit le code pour rentrer. Une fois devant sa porte, il sonna. Au bout de quelques instants, un homme ouvrit la porte. « Bonjour, vous n’allez sûrement pas me croire, mais en fait avant… j’habitais ici… je suis allé voir la nouvelle boutique… vous savez…« . L’homme en face de lui l’interrompit. « Oui je sais, entrez, il faut qu’on parle« . Ils s’entretinrent un long moment dans le salon. Tous les deux avaient participé à l’expérience. Ils étaient bloqués dans la peau d’un autre.

L’homme dit : « J‘ai réussi à rentrer chez vous hier quand j’ai vu que le système ne fonctionnait pas. J’ai rencontré votre femme… » « Jennifer ? » « Oui c’est ça, enfin je n’en sais rien. Elle m’a trouvé bizarre. Elle n’avait pas l’air à l’aise. Elle était déjà ici quand je suis rentré. C’était comme si elle ne m’avait… elle ne t’avait jamais vu… J’ai dit que je ne me sentais pas très bien et que j’allais me coucher. Elle est restée dormir sur le canapé. En me réveillant ce matin, elle n’était plus là« .

Une fois qu’il eut fini sa phrase, on entendit qu’on essayait de rentrer dans l’appartement. La porte s’ouvrit. Une femme marcha jusqu’au bout du couloir et s’arrêta à l’entrée de la porte du salon.

L’homme la regarda et lui dit. « Bonjour, assieds-toi, nous avons un invité.  » Sans un mot, elle prit une chaise et vint s’asseoir avec eux. Elle semblait apeurée et cachait mal sa grande nervosité. « Notre invité souhaiterait te parler« .

Il prit alors la parole. « Jennifer ?« . La femme ne réagit pas de suite. Au bout de quelques secondes, elle répondit:  « Oui ?« 

« Jennifer, je te connais bien. Mais je ne crois pas que ce soit réciproque.« . La femme restait silencieuse. « Peux-tu me dire depuis combien de temps toi et cet homme habitez dans cet appartement? » La femme le regarda. Elle réfléchit. Au bout de plusieurs secondes, des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Il reprit « Écoute, je sais très bien que tu n’es pas la vraie Jennifer. Comme l’homme ici qui est sensé être ton mari et moi même, tu as participé à l’expérience virtuelle de la boutique Random Life Corporation. Il y a eu un gros bug ». A ces mots la femme fondit en larmes. « Oui aidez-moi, je veux retrouver ma vie d’avant, je suis terrorisée, s’il vous plait faites quelque chose. » « Tu n’es pas seule dans ce cas. Je pense que nous sommes des dizaines de personnes dans ce pétrin voire plus. Je vous propose de retourner ensemble à la boutique pour voir si on peut nous aider« . Les deux autres se regardèrent. « Nous sommes partants. Allons y tout de suite.« 

Tous trois descendirent dans la rue en direction de la mairie. Il ne leur fallut pas longtemps pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas dans  la ville.

A suivre…